Quels sont les penseurs/philosophes que vous appréciez le plus ?
Difficile question. J’en apprécie plusieurs et pour différentes raisons. On peut apprécier des philosophes pour leur système complet de pensée (Platon, Aristote, Kant…), pour leurs contributions particulières (Épictète, Machiavel, La Boétie, Hans Jonas…) ou encore pour leur style déroutant et questionnant (Nietzsche). Il y a des philosophes qu’on respecte, sans qu’on les aime pour autant.
J’apprécie les penseurs qui, tout en abordant des sujets d’importance, conservent des styles clairs. Parmi les auteurs actuels, pour n’en nommer que quelques-uns, j’apprécie les réflexions de Michael Sandel, Ruwen Ogien, Luc Ferry, Pascal Bruckner.
Je suis assez éclectique. J’avoue que je butine beaucoup plus que je ne me lance dans l’étude systématique d’un auteur en particulier.
Comment avez-vous eu l’idée d’écrire cet essai, quelle est sa genèse?
Comme je l’explique en introduction de Sincèrement vôtre, c’est arrivé dans le cadre d’une activité pédagogique. Honnêtement, je ne sais trop comment cette idée m’est venue à l’esprit. Il y avait bien sûr les devoirs de philo organisés par le journal Le Devoir, auxquels j’ai moi-même contribué, mais la formule épistolaire n’était pas exigée. Je ne propose pas cet exercice dans tous mes cours. Toujours est-il que j’ai eu cette idée pour les étudiants, que l’exercice a bien marché et que j’ai décidé ensuite de le faire moi-même. « Camus à un jeune radicalisé » a été mon premier essai. Il est paru dans Le Devoir. J’aime bien cette forme car elle me permet de combiner deux amours : la fiction et les idées. Je pense même poursuivre l’exercice.
Quelle(s) citation(s) vous habitent ?
J’adore cette question. J’ai une collection de citations. Je pige dedans :
« Ce n’est pas le doute qui rend fou, c’est la certitude. » Nietzsche
« Il vaut mieux être un homme insatisfait qu’un porc satisfait. » John Stuart Mill
« Aujourd’hui, on a honte d’être « refoulé », comme on dit, alors qu’autrefois on aurait eu honte de ne pas l’être. » Philip Roth
« Experience is that marvelous thing that enables you to recognize a mistake when you make it again. » Franklin P. Jones
« Notre passé est sinistre ; notre présent est invivable ; heureusement que nous n’avons pas d’avenir ! » Philippe Geluck
À part l’écriture et la philosophie, quels sont vos autres intérêts/occupations?
Je suis intéressé par les débats de société. J’ai cependant appris à prendre mes distances avec les discussions sur les réseaux sociaux. Commencer à débattre avec des inconnus est souvent une perte d’énergie inutile. Mieux vaut débattre avec des gens qu’on connaît déjà.
Un peu comme tout le monde, je regarde des films, des séries, je lis des livres, des romans. Ma conjointe anime une émission littéraire à CKRL, 89,1 à Québec : Les Bouquins d’abord. J’y suis chroniqueur. Toutes les 5 ou 6 semaines, elle me cède l’antenne et, avec des collaborateurs, j’anime l’émission consacrée uniquement à la philosophie. Je fais du vélo pour le sport et le transport, du camping, de la course à pied. Si quelqu’un m’avait dit quand j’avais 20 ans que j’allais courir au moins trois marathons dans ma vie, je me serais étouffé.
J’écoute beaucoup de musique, peu importe le genre (chanson, pop, rock, jazz, classique), pourvu que ça me plaise et que ça convienne à l’ambiance dont j’ai besoin.
J’aime bien manger en compagnie d’amis, de ma conjointe et de mes trois filles.
Si vous pouviez recevoir la lettre d’un philosophe, de qui aimeriez-vous qu’elle soit?
J’en ai déjà reçu une : c’est celle de John Dewey qui ouvre le livre ! John Dewey interprété par Normand Baillargeon. J’aimerais aussi recevoir une lettre d’un philosophe de l’Antiquité gréco-romaine. Il détiendrait ce pouvoir temporel dont je parle dans la préface à Sincèrement vôtre. Il aurait connaissance des grands changements qui ont eu lieu depuis son époque. J’aimerais connaître son avis. Je recevrais volontiers une lettre de Sénèque. Il serait sûrement étonné par le développement scientifique, technique et social. En même temps, il constaterait que la nature humaine n’a pas changé. Nos inquiétudes, le malheur que nous nous créons, notre mal de vivre ressemblent à ceux de son époque. J’aimerais pouvoir lui répondre aussi.
Né à Beauceville, René Bolduc a étudié quelques années dans la ville de Berlin-Ouest, devenue Berlin tout court pendant qu’il y séjournait. Il y a obtenu un doctorat de philosophie en 1994 à la Freie Universität. Il a enseigné dans différents cégeps avant de trouver son point d’ancrage au cégep Garneau de Québec.
Entretien mené par Myriam Vincent.
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